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Des nouveautés à Sainte-Thumette

« EN REMERCIEMENT D’UNE VIE SUR LES FLOTS »

     Le grand bateau ex-voto « Santez Tunvezh » est désormais à demeure, chez lui, à Sainte-Thumette, définitivement amarré au mur nord de l’église en juillet dernier par les soins du menuisier des Monuments Historiques. Visible dès l’entrée, il rappelle évidemment le passé de port de pêche de Kérity. Une petite plaque apposée sur le brancard nous apprend : « Ex voto 1951 – Jean-Louis Cloaguen – Malamok – en remerciement d’une vie sur les flots ».

     En offrant ce bateau, réalisé par ses soins, Jean-Louis Cloaguen, patron pêcheur, a perpétué là une très ancienne tradition européenne : depuis le Moyen Âge, les gens de mer (ainsi que les gens de rivière) avaient pour coutume de suspendre des maquettes de leurs bateaux au centre de la nef de leur église, soit dans l’espoir d’être protégés par le saint Patron ou la sainte Patronne de la paroisse, soit pour montrer ainsi leur reconnaissance d’avoir été sauvés de quelque péril, ou d’avoir eu une pêche abondante.
     Ce grand bateau, minutieusement restitué n’est pas un simple ex-voto, c’est aussi un bateau de procession, d’où le brancard qui le supporte. Porté par les fidèles il quitte l’église deux fois par an : pour le pardon de Saint-Pierre (le dernier dimanche de juin) et pour le pardon de Notre-Dame de la Joie du 15 août où il est porté en procession lors de la bénédiction de la mer.
     C’est un « Malamok », bateau à moteur, inspiré des anciennes pinasses, de 15 à 20 m, stable, apparu dans les années 30 et, qui selon les ports, pratiquait la pêche à la sardine, au maquereau, au thon etc… Les pêches étaient souvent spectaculaires, mais la concurrence des chalutiers pêche à l’arrière mit fin à la carrière des Malamoks dans les années 90.
      Pourquoi ce nom de Malamok ? C’est le nom (d’origine scandinave ?) d’un oiseau des mers australes de la famille des Albatros que les hauturiers et les baleiniers connaissaient bien pour sa voracité. Ce nom aurait été attribué aux nouveaux navires en raison de leur impressionnante capacité de pêche qui évoquait la voracité de ces oiseaux.
     On dit aussi que les sardiniers guilvinistes qui fréquentaient Quiberon connaissaient les chalutiers de Lorient dont l’un d’eux portait le nom de « Malamok », mot inconnu des pêcheurs bretons, mais vite adopté pour désigner le nouveau type de chalutiers.
     Un Malamok à Sainte-Thumette : ce n’est pas seulement un symbole religieux, c’est aussi un symbole fort de la culture maritime bretonne.
 

UNE STATUE DU 18ÈME SIÈCLE À SAINTE-THUMETTE

 
     Si vous avez jeté récemment un œil dans l’église de Kérity, vous aurez remarqué que la statue de la Vierge à l’enfant était revenue après avoir été restaurée par les soins de Marie Payre dans son atelier de Landuguentel (Esquibien). Spécialisée dans la restauration d’objets patrimoniaux, Marie Payre a aussi restauré depuis 2018 une trentaine d’autres statues de l’église Saint-Nonna de Penmarch. Depuis 2021, cette belle statue en bois polychrome du 18ème siècle, classée par les Monuments Historiques, attendait dans la sacristie de Sainte-Thumette de retrouver sa place contre le mur nord du bas-côté, sur un socle installé par le menuisier désigné par les Bâtiments de France. A modifier bien sûr : la position du haut-parleur et des fils électriques qui déparent, pour le moment, l’environnement de la statue.
     Regardez-la de près : c’est une Vierge à l’enfant classique, comme on en trouve dans beaucoup d’églises bretonnes.
Debout, raide, à peine déhanchée, mais gracieuse et juvénile, la chevelure lâchée sur les épaules, un élégant manteau bleu doublé de rouge et bordé d’une passementerie dorée, le visage inexpressif, un regard lointain qui ne se pose pas sur l’enfant qu’elle tient sans effort de son seul bras droit, la main gauche caressant légèrement un petit pied : tout simplement une jeune mère ? Non, c’est la mère du « Salvador Mundi », le Sauveur, et c’est bien lui, l’enfant, le personnage essentiel du groupe. Marie n’est là ni Vierge en majesté, ni Vierge couronnée. L’enfant n’a rien ni d’un poupon ni d’un enfant – n’y voyons pas la maladresse du sculpteur- mais un simple code de représentation de « l’enfant Jésus » pratiqué depuis le Moyen Age ; l’enfant (un peu boudeur ici) est un adulte en réduction, car il est déjà le Christ-Roi : il en a tous les attributs, hérités des traditions médiévales et byzantines. Dans la main gauche, il tient un globe – son royaume terrestre – et de la main droite, l’index et le majeur dressés, il bénit, il porte la parole divine et il juge… sans un regard pour sa mère, car, c’est nous qu’il regarde.
     Voilà pourquoi « l’enfant Jésus » représenté dans la plupart des sculptures ne ressemble pas à un enfant. Il faut se tourner vers la peinture de la Renaissance, italienne d’abord, pour voir un Christ au corps et aux traits enfantins.
     Cette belle et émouvante statue restaurée vient, par sa présence et sa stature imposante, enrichir le patrimoine de l’église Sainte-Thumette.

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