Home » Uncategorized » « Paysages romantiques »

« Paysages romantiques »

   Lundi soir : premier concert de nos « Estivales », dans la moiteur du crépuscule bigouden. Alphonse Cemin (piano), Clotilde Lacroix (violoncelle), Damien Pass (baryton basse), Iris Zerdoud (clarinette) sont revenus pour nous entraîner dans des « Paysages romantiques » – du 19ème au 20ème siècles – de Brahms à Georg Friedrich Haas (né en 1953), en passant par la plage de Douvres de Samuel Barber (1910-81). Arpèges, ampleur lyrique du son : autant de traits romantiques que nous retrouvons chez ces musiciens, y compris chez G. F. Haas, surtout connu pour ses recherches contemporaines, à l’IRCAM, entre autres.
    Ces paysages sonores sont plus une évocation qu’une description, du trio de Brahms à cette œuvre de Haas (« Equinox »), presque jamais jouée en France et que Clotilde Lacroix et ses amis de la formation du « Balcon » nous ont offerte.
     Avec Haas, nous sommes partis très loin, sans savoir où nous allions, et si nous arriverions (?) un jour : myriades d’arpèges du piano soutenues par le violoncelle, et enveloppés par la clarinette ; aucun instrument ne vient étouffer la musicalité de l’autre. On flotte, on dérive, on s’engouffre dans un trou noir, on explose, avec en sourdine, la longue note tenue de la clarinette, lancinante et un peu angoissante ; difficile de ne pas penser à un voyage interstellaire.
     Avant de nous transporter sur les plages mélancoliques de Douvres, la voix chaude et puissante de Damien Pass nous a entraînés vers des territoires plus sombres : les « Quatre chants tristes » de Brahms, chants de deuil (textes extraits de l’Ancien Testament et de Saint-Paul) sont dramatiques et poignants, le lied «Tod» particulièrement.
   Comme pour s’excuser de cette affliction, Damien nous a gratifiés, en « bis » d’une berceuse de Brahms plus apaisante… Belle idée que d’insérer « Equinox », pièce contemporaine, dans un programme classique : où l’on découvre que les sonorités de ces œuvres distantes dans le temps ne sont pas si éloignées les unes des autres. De quoi séduire les plus rétifs à des harmonies « trop » modernes et qui seront devenus peut-être, plus sensibles à une musique vivante (ô combien, hier soir).
     Merci à vous quatre pour cette très belle soirée !
     Les « Estivales » se poursuivent avec trois concerts encore : le 7, le 9 et le 12. Pour plus d’informations http://tunvezh.fr/les-estivales-de-tunvezh-2024
Anne-Sylvie Moretti
Crédits photos: D. Belasky, M. Labidurie.

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *